Duo Phidylé avec Emmanuel Cury et Sandra Chamoux

Samedi 12/10/2024 à 19:00
Concert
20 €

Programme:

Intégrale des 13 mélodies de Duparc (édition 1902)
Emmanuel Cury, baryton
Sandra Chamoux, piano

Nous avons voulu proposer un parcours qui permette de découvrir ou de connaître mieux la destinée singulière de ce compositeur. Sa vie de souffrances s’est construite dès sa jeunesse autour de symptômes inexplicables, d’autant plus chez ce tempérament apparemment fort, typique de ces hommes grands et joviaux chez lesquels on attend une santé de fer. Si l’aide précieuse que nous avons trouvée dans l’admirable travail de Rémy Stricker aura été un guide important, nous avons choisi, en émaillant la succession chronologique des mélodies par des textes issus de ses lettres, de celles de sa famille, d’extraits d’articles, de donner des pistes de lectures à l’auditeur, afin qu’il puisse entrer peu à peu dans les aléas de cette vie marquée par les contradictions.

De sa fidélité à une longue tradition familiale catholique et réactionnaire à son admiration pour le romantisme en particulier baudelairien, de son amour inconditionnel pour la musique allemande et en particulier celle de Wagner qu’il a rencontré plusieurs fois, à son patriotisme flamboyant lui faisant revendiquer nombre de teutons envoyés ad patres, notre impression, au fur et à mesure que nous entrions dans son univers, fut celle d’un être torturé par ces contradictions, malade de ne pouvoir prendre clairement position entre des pôles inconciliables. La démarche religieuse, puis quasi mystique (d’un mysticisme très « soubirien »), qui a accompagné la longue deuxième partie de sa vie aura été celle du renoncement au romantisme, et par conséquent celui de l’acceptation progressive de la fin de son activité créatrice.

Ces contradictions nous ont paru d’autant plus insupportables à vivre pour un auteur qui, à chaque pas de notre progression dans son oeuvre, nous faisait avancer dans un comportement de plus en plus « chambriste », donnant à l’enchevêtrement des intentions, des couleurs, des rythmes, des phrases, une telle importance que nous étions emportés de plus en plus loin dans intimité étonnante entre deux instruments traités parfois de façon résolument différente, tout en étant implacablement menés à « chanter » l’autre aussi.
Il nous a semblé que ces textes permettront à l’auditeur de partager s’il le désire, et au rythme qu’il choisira, notre trajet, en établissant un pont entre les deux vies de André Duparc, du bouillonnement créatif et torturé au renoncement si long et douloureux le menant à regretter de devoir vivre si longtemps dans de telles souffrances.

Cet accompagnement rend possible une appréhension et une écoute différente de ces mélodies, parfois prédictions, parfois lecture du présent. De ce point de vue, le choix du chronologique, qui n’a pas été celui de Duparc lors de l’édition définitive de 1902, nous a paru très porteur de sens. En revanche, nous avons voulu respecter le choix qu’il a fait de laisser à la postérité 13 mélodies sur les 17 qu’il avait composées. Ce choix, qui correspondait à celui que nous aurions fait par appétence, nous paraissait fort judicieux.

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